En juin 2013, l’ONGYerkir Europe, devenue depuis Yerkir – Think & Do Tank lançait la plateforme numérique REPAIR avec l’objectif de confronter les points de vue sur les problématiques arméno-turques en donnant la parole à des leaders d’opinions des sociétés civiles de Turquie, d’Arménie et de la diaspora arménienne.
Ce projet a pour vocation de soutenir les efforts des sociétés civiles de Turquie, d’Arménie et de la diaspora dans leurs mutations en tentant de synchroniser les dynamiques positives qui souffraient d’une méconnaissance réciproque. Pour cela, il fallait créer un cadre de réflexion en organisant des échanges entre les acteurs de ces sociétés civiles.
Depuis juin 2013, ce sont des centaines d’articles, interviews, photoreportages et web-exposition qui ont été mis en ligne, intégralement traduits en turc, français, arménien et anglais. L’objectif étant de faire connaitre à chaque société civile les opinions qui émanent de ces débats en leur sein et de permettre aux Arméniens de s’adresser aux Turcs et aux Turcs de s’adresser aux Arméniens.
Véritable rupture dans l’approche de la question arméno-turque. Le succès du site, en termes de fréquentation en Turquie, en Arménie et dans la Diaspora mais aussi à l’internationale, prouve que ces sociétés civiles veulent sortir des rhétoriques caricaturales. Le projet REPAIR est ainsi identifié au sein des cercles d’influence de la société civile turque tout autant qu’il participe à faire évoluer les mentalités des Arméniens de diaspora.
Depuis juin 2013, le site REPAIR a enregistré plus de 3 millions de vues dont 46,5 % de Turquie, 16,5 % d’Arménie et les 32,5% restant répartis à travers le monde (dont 11,5% en France).
Grâce au soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian (Lisbonne – Portugal), du Conseil Régional Rhône-Alpes et au partenariat avec la Fondation turque Anadolu Kültür, cela nous a permis la création d’une structure à Istanbul par l’embauche d’une permanente durant 4 ans (2013-2017), ce qui nous a donné une visibilité en Turquie et de constituer des réseaux dans les cercles culturels, intellectuels, diplomatiques, médiatiques, religieux et ethniques.
Durant les 5 ans du projet REPAIR, une vingtaine de missions ont été conduites en Turquie pour aller à la rencontre de la société civile et développer le maillage de réseaux à Istanbul, Ankara mais aussi en Arménie Occidentale à Mouch, Van, Diyarbakir et au Dersim. Le site REPAIR, a largement contribué à crédibiliser notre démarche auprès de nos différents interlocuteurs car le traitement des questions identitaires, historiques, sociétales en Turquie avaient dépassé le cadre initial du projet des rapports Arméniens-Turcs.
L’un des principaux enseignements que nous retirons de notre engagement en Turquie via le projet REPAIR sont que les questions arméniennes s’intègrent dans les problématiques actuelles de la Turquie. Malgré la dégradation de la situation politique en Turquie, il faut maintenir un lien avec la société civile sur les thématiques de l’identité, de l’histoire et de la démocratisation ; et continuer d’insuffler à la Diaspora arménienne ces nouvelles dynamiques de pensées et d’actions. Si la question mémorielle du génocide a pris une importance particulière dans la diaspora, il est primordial de ne pas perdre de vue que cette problématique doit avant tout se régler en Turquie, par et avec les Turcs et que pour participer à leurs résolutions, nous devons de nous impliquer directement dans ce pays.
Plusieurs débats ont ainsi été ouverts à la réflexion :
– La Turquie et l’Union européenne
– Le Génocide dans les rapports Arménie-Turquie
– L’identité arménienne et turque aujourd’hui
– Pardon, réconciliation, dialogue
REPAIR – Plateforme numérique Arméno-Turque est un projet de l’ONG franco-arménienne Yerkir Europe devenue depuis Yerkir – Think & Do Tank.
Ce projet a pour objectif de confronter les points de vues sur les problématiques arméno-turques en donnant la parole à différents acteurs des sociétés civiles de Turquie, d’Arménie et de la Diaspora arménienne.
1915… 2015…
A l’aube de la commémoration du centenaire du génocide des arméniens de 1915, les relations entre l’Arménie et la Turquie sont dans une impasse. La problématique est complexe car elle comprend des éléments historiques, identitaires, sociaux, géopolitiques et économiques.
Les crispations sont incrustées dans les mentalités et engendrent des oppositions systématiques. Trois protagonistes – aux fonctionnements très différents – sont principalement impliqués : la Turquie, l’Arménie et la diaspora arménienne. Pourtant chaque société civile évolue sur ces questions mais dans une méconnaissance réciproque.
Internationalisation de la question arméno-turque
La problématique arméno-turque est devenue un enjeu international par la situation géographique des Républiques d’Arménie et de Turquie. Au croisement de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie, cette région géostratégique est le carrefour d’intérêts politiques et économiques. Mais la question arméno-turque ne peut se résumer sous l’angle des relations internationales : elle relève initialement d’aspects identitaires et historiques propres à chacune des sociétés civiles de Turquie, d’Arménie et de la diaspora arménienne. Ces aspects identitaires, mémoriels, géopolitiques et sociétaux se répercutent automatiquement dans des débats en Occident et au Moyen-Orient du fait de la présence de fortes communautés d’origine arméniennes.
La part arménienne non reconnue de la société turque
Depuis quelques années, la société civile turque fait face à ses problèmes identitaires et historiques. On assiste à l’émergence de débats qui mettent en lumière des tabous enfouis depuis près d’un siècle sous la chape de plomb de la doctrine « militaro-nationaliste » (questions kurde, alévi, grecque, arménienns, assyrienne notamment). Fait nouveau, ces débats ne restent plus confinés au milieu intellectuel d’Istanbul mais impliquent des pans entiers de la société qui redécouvrent ses origines.
Prisonniers du trauma du génocide et de l’opposition systématique autour de sa reconnaissance, les Arméniens peinent à investir ce champ de réflexion en Turquie et à établir un dialogue pourtant indispensable. Cette défiance est d’autant plus compréhensible que la Turquie exerce un blocus économique à l’encontre de la République d’Arménie depuis sa création en 1991 tout en poursuivant une intense politique internationale de négationnisme contre la réalité du Génocide de 1915.
« Deux peuples proches, deux voisins lointains »
La difficulté des Arméniens à entrer dans une logique de discussion avec les Turcs provient de la négation d’un crime contre l’humanité. Celle des Turcs résulte de la dominance traditionnelle d’’une idéologie nationaliste qui les empêche d’établir un dialogue sincère. Il faut donc travailler à faire évoluer les mentalités pour déplacer ces lignes de fractures. Seul le dialogue, dans un cadre établi conjointement, peut permettre des avancées.
La reconnaissance du génocide des Arméniens
Tant que la Turquie ne reconnait pas le génocide, les Arméniens restent méfiants vis-à-vis des initiatives de dialogue et de rapprochements, considérant que ceux-ci ne sont qu’un moyen de l’Etat turc pour contrer la reconnaissance internationale du génocide. Mais aujourd’hui, il faut veiller à ne plus confondre l’Etat et la société civile turque qui amorce un travail d’introspection en abordant ces questions.
Pour autant des mouvements sont porteurs d’espoir en Turquie : Les reconnaissances du Génocide par des personnalités et les commémorations du 24-Avril, l’initiative d’intellectuels de lancer un appel au pardon, la multiplication de livres, conférences, articles sur ces sujets sont bien le témoin que le mur se lézarde de l’intérieur.
Certains milieux ont une approche pragmatique et des prises de positions sont parfois ambiguës, mais la question fait de plus en plus débat en Turquie. Pour les Arméniens, cette situation constitue un motif de satisfaction pour les uns et une nouvelle forme de négationnisme déguisé pour les autres.
Malgré tout, les initiatives artistiques et universitaires d’échanges entre Arméniens et Turcs sont nombreuses et continuent de se multiplier. Elles participent aux prises de conscience intuitives de l’héritage commun. Elles doivent être encouragées mais le chemin pour atteindre le cœur des sociétés civiles reste semé d’embûches.
En effet, les propos d’intellectuels, de leaders d’opinons, d’hommes politiques, etc. sont légions mais restent le plus souvent confinés à leur propre sphère d’influence. Si le débat est présent en Turquie, en Arménie et au sein de la diaspora, il n’existe pratiquement pas d’interactions directes entre ces trois sociétés civiles.
REPAIR – Réparer le futur
Le but de ce projet est donc de surmonter cette situation en créant un environnement propice au dialogue pour établir des passerelles entre ces sociétés civiles et aborder ensemble les différents nœuds du problème. Il s’agit de cerner les obstacles pour tenter d’aboutir ensemble à des solutions visant à régler les conflits existants.
Le projet « Repair » a vocation à soutenir les efforts des sociétés civiles turque, arménienne et de diaspora dans leurs mutations en tentant de synchroniser les dynamiques positives qui souffrent d’une méconnaissance réciproque. Il fallait donc créer un cadre de réflexion en organisant des échanges entre acteurs de ces sociétés civiles.
Le support du projet « Repair » est un site internet d’où nous lançons des débats sur des thèmes ayant traits aux problématiques arméno-turques. Nous donnons la parole à des experts, leaders d’opinions, journalistes, politiques et responsables associatifs issus des sociétés civiles d’Arménie, de Turquie et de la diaspora arménienne ainsi qu’à des personnalités internationales.
L’objectif est de faire connaitre à chaque société civile les opinions qui émanent de ces débats en leurs seins et de permettre aux Arméniens de s’adresser aux Turcs et aux Turcs de s’adresser aux Arméniens.