En abordant sa propre histoire personnelle et professionnelle, le professeur Erik Jan Zürcher explique l’apport que les historiens de Turquie se fondant sur les archives turques, pourraient effectuer dans deux domaines afin d’arriver à une meilleure compréhension du génocide arménien : les causes et des motifs du génocide et la façon dont la Turquie moderne, telle qu’elle a émergé, après la Première Guerre Mondiale, a été influencée par le génocide. Erik Jan Zürcher se félicite également de l’avancée des recherches historiques effectuées notamment grâce à certains historiens du pays de plus en plus enclins à trouver et diffuser la vérité. Des évolutions positives qui, selon l’auteur, donnent de l’espoir pour une possible réconciliation entre Turcs et Arméniens.
Ayse Gunaysu explique pourquoi, malgré le fait que le génocide arménien ne soit plus un tabou pour la société civile turque et que les mots utilisés par l’État pour évoquer l’évènement aient évolué, le discours négationniste du gouvernement turc reste inchangé. Elle souligne également le fait que la négation du génocide concerne toute la société turque qu’elle qualifie de « société du déni ». Après avoir énuméré les raisons pour lesquelles les Turcs devraient avoir honte, elle analyse les raisons qui poussent la société à éviter ce sentiment. Enfin, elle revient sur la possible présence renforcée du parti HDP au parlement et l’espoir que cela crée chez certains de voir bientôt la justice rétablie.
Dans cet article, Michel Wieviorka revient sur le « réveil arménien » qui a pris différentes formes selon les époques et qui s’est d’abord fait loin de la Turquie, puis dans la société turque elle-même, sous l’impulsion notamment du journaliste Hrant Dink assassiné en 2007. Rappelant les raisons du négationnisme de l’État turc quant au génocide arménien, l’auteur s’interroge au sujet des réparations territoriales et matérielles tout en soulignant l’importance de la chrétienté des Arméniens à l’heure où d’autres populations chrétiennes sont menacées ou victimes de violences. Enfin, le sociologue pose la question de l’avenir des Arméniens une fois que la reconnaissance du génocide par la Turquie aura été actée. Il se demande notamment s’ils seront capables, non pas seulement de se rappeler du passé, mais aussi de « se projeter vers l’avenir en tant que groupe humain ».