La thématique de la question des réparations du génocide des Arméniens pourrait sembler en décalage profond avec l’état des relations arméno-turques et les urgences respectives des deux pays concernés en matière de respect des droits et libertés ou d’enjeux sécuritaires. Cependant, si ces relations souffrent du poids de l’Histoire et de la méfiance légitime qui s’est installée, la réparation des préjudices passés est une option pour construire les fondements d’une nouvelle ère. Faisant abstraction des circonstances propres aux deux pays, cet article examine l’état du dossier des réparations et des solutions envisageables et de la politique actuelle de l’État arménien dans le traitement de la question du génocide et de ses conséquences. Il fait ressortir des facteurs résilients de la gestion des Arméniens de leur destin, hier et aujourd’hui, et leur incidence sur le traitement des réparations du génocide ou bien dans le domaine des prétentions territoriales.
Rouben Shougarian explique tout d’abord pourquoi il est nécessaire de départager clairement deux domaines distincts qui sont la réconciliation et la normalisation des relations entre l’Arménie et la Turquie. Selon lui, « quand les deux processus de normalisation et de réconciliation sont entremêlés on se retrouve dans une impasse ». L’ancien vice-ministre des Affaires étrangères d'Arménie
Dans cet article, Bilgin Ayata soutient que les problématiques telles que le Génocide arménien et la violence contre les Kurdes et les Alévis doivent être vues de manière rapprochée et non séparée. À l’inverse de nombreux observateurs qui traitent le génocide arménien comme un problème du passé et le conflit kurde comme un problème du présent ― opérant de fait une « compartimentation » et une « dissociation » des crimes d’État » ― elle estime « incompréhensible que les questions kurdes et arméniennes soient traitées séparément l’une de l’autre ». Elle propose ainsi une autre vision sur la violence d’État contre les Arméniens, les Kurdes, les Alévis et d’autres groupes persécutés en Turquie. Enfin, elle explique pourquoi la formulation et le contenu des actions de la société civile menées par des activistes Kurdes concernant le génocide arménien sont si radicalement différents de ceux de leurs homologues turcs bien plus reconnus.
Dans cette interview, Aram 1er rappelle l’importance d’avoir célébré le Centenaire du Génocide arménien qui n’est pas, selon lui, seulement une suite de manifestations, mais « la commémoration de nos martyrs ». Il insiste également sur le fait qu’il est capital de répéter aux jeunes, mais aussi à la communauté internationale, que les Arméniens sont « demandeurs » auprès de la Turquie, responsable du génocide de 1915. Aussi, il explique qu’il ne suffit pas de se souvenir du passé et de le faire connaître, mais qu’il faut exiger réparations du crime perpétré. Enfin, le Catholicos de la Grande Maison de Cilicie insiste sur le fait qu’il est désormais urgent de s’atteler à l’aspect juridique des demandes de réparations. Selon lui, un accent tout spécial doit être mis sur cet aspect du combat des Arméniens sans négliger toutefois l’aspect reconnaissance. Pour cela, Arménie, l’Artsakh et la Diaspora doivent être unis, insiste t-il.