Dans cet article, le juriste Raffi Kalfayan entreprend de définir ce qu’est la société civile turque en remontant dans l’histoire de la Turquie, puis brosse son profil récent, des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Il tente ainsi de mieux comprendre sa structuration, son environnement politique ainsi que ses valeurs et dresse un panorama des fractures face au pouvoir totalitaire. De cette analyse, en ressort que les contradictions au sein même de la société civile facilitent sa mise sous tutelle par l’État et entravent son influence sur la vie publique.
Pour Hamit Bozarslan, les dynamiques de désintégration, de morcellement et de radicalisation actuellement à l’œuvre en Turquie sont extrêmement profondes. Impossible d’après lui d’écarter le risque d’une guerre civile au prétexte que la Turquie est un État fort. Interrogé sur l’émergence de Daesh, Bozarslan considère que ce sont la Turquie, l’Iran et l’Arabie Saoudite qui portent la responsabilité majeure de la confessionnalisation du Moyen-Orient et que le sécularisme constituerait la seule manière de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent actuellement les pays musulmans. Deuxième partie de l’entretien réalisé par Irfan Aktan pour Nuçe TV.
Pour Hamit Bozarslan, la société turque est engagée dans un processus de morcellement encouragé par l’AKP qui disqualifie tout projet de société alternatif. En proposant aux Kurdes de les accepter en échange de leur assimilation à la population turque-sunnite majoritaire, l’AKP reproduit la politique adoptée vis-à-vis des Arméniens en 1914. Pour Bozarslan, nous vivons la fin d’une période historique et la Turquie manque d’un projet d’avenir susceptible de permettre l’émergence d’une nouvelle société. Nous publions ici la première partie de l’entretien réalisé par Irfan Aktan pour Nuçe TV.