Parti pan-arménien créé en 1890, membre de l’International socialiste, a participé à plusieurs coalitions gouvernementales en Arménie.
Le 49ème congrès de la Fédération Révolutionnaire Arménienne de la Côte Ouest des USA, à la veille du centenaire du génocide arménien a approuvé à l’unanimité une déclaration délimitant la liste des exigences de justice.
DEMANDES DE JUSTICE POUR LE GENOCIDE ARMENIEN
Déclaration de la Fédération Révolutionnaire Arménienne de la Côte Ouest des USA.
ATTENDU QUE, la nation arménienne a été soumise à un génocide systématique et prémédité commencé officiellement le 24 avril 1915 des mains du gouvernement Jeune-Turc sous l’Empire ottoman de 1915 à 1919. Génocide qui a perduré lors du mouvement Kémaliste en Turquie de 1920 à 1923. Plus de 1,5 million d’Arméniens, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés dans le but d’anéantir la nation arménienne ce qui constitue le premier génocide des temps modernes, tandis que des milliers de survivants, des femmes et des enfants arméniens, ont été convertis de force et islamisés, et des centaines de milliers ont été soumis à un nettoyage ethnique durant la période de la République moderne de Turquie de 1924-1937 ; et
ATTENDU QUE, la planification et la mise en œuvre d’un génocide est incontestablement reconnue en droit international comme un crime contre l’humanité et est puni comme tel ; et
ATTENDU QUE, ce crime contre l’humanité est resté impuni depuis près de cent ans. Les gouvernements de Turquie ont en toute impunité déformer l’histoire et nier le génocide et ses conséquences commis par son prédécesseur ottoman et les régimes suivants, malgré la reconnaissance internationale du génocide arménien par 23 pays, dont les États-Unis d’Amérique ; et
ATTENDU QUE, les Arméniens étaient des habitants autochtones de leurs terres ancestrales depuis des milliers d’années comme en témoignent les ruines de centaines d’églises, de monastères de cimetières et autres structures religieuses et culturelles facilement identifiables, des sites anitques qui subsistent sur ces terres comme preuve de leur présence permanente jusqu’au génocide arménien ; et
ATTENDU QUE, le territoire ancestral du peuple arménien, et en particulier les six régions historiquement arméniennes de Van, Erzeroum, Kharpert, Bitlis, Dikranagerd-Diyarbakir, et Sepastia-Sivas, actuellement en République de Turquie, a été dépouillé de ses habitants autochtones à cause du génocide arménien, sauf pour des milliers d’Arméniens islamisés ou cachés qui ont été soumis à l’oppression silencieuse, alors que certains d’entre eux ont récemment commencé à reconnaître leurs véritables identités et devraient être encouragés à revenir à leurs racines ; et
ATTENDU QUE, la patrie ancestrale du peuple arménien continue à être occupée illégalement par la République de Turquie, qui continue d’effacer toute preuve de la présence arménienne historique sur ces terres ; et
ATTENDU QUE, la nation arménienne a survécu au génocide, malgré la tentative par la Turquie ottomane et la République de Turquie de l’exterminer ; et
ATTENDU QUE, la survie de la nation arménienne des horreurs du génocide ont été due en grande partie aux efforts américains et internationaux menés par Near East Relief, une organisation créée en 1916 par le Congrès des États-Unis qui a sauvé plus de 132 000 orphelins arméniens et des centaines de milliers de réfugiés arméniens qui ont été exilés pour aller survivre et prospérer en dehors de leur patrie ancestrale partout dans le monde et en particulier aux États-Unis d’Amérique ; et
ATTENDU QUE, la première République indépendante d’Arménie a été internationalement reconnue à la suite du génocide arménien par le traité de Sèvres ; et
ATTENDU QUE, Woodrow Wilson, président des Etats-Unis d’Amérique, a rendu sa décision arbitrale finale et exécutoire, le 22 novembre 1920, la restauration des droits territoriaux de la nation arménienne qui furent pris par le gouvernement de l’Empire ottoman à la suite du génocide arménien, en redessinant les frontières internationales pour inclure à la République d’Arménie les provinces de Van, Erzeroum, Bitlis, Trabzon et avec accès à la mer Noire ; et
ATTENDU QUE, en dépit de ses termes juridiquement contraignants, la sentence arbitrale de Wilson n’a jamais été appliquée, et l’occupation turque des terres qui appartiennent légalement à l’Arménie continue en violation flagrante de celle-ci à ce jour ; et
ATTENDU QUE, le peuple arménien, individuellement et collectivement, a été privé de ses biens, meubles et immeubles, de la culture et de la vie sur sa patrie ancestrale pendant près d’un siècle après le génocide arménien ; et
ATTENDU QUE, la Fédération révolutionnaire arménienne de l’ouest des Etats-Unis est principalement constituée de membres qui sont les descendants directs de ces survivants du génocide arménien qui ont finalement immigré aux États-Unis d’Amérique et qui, en tant que citoyens américains, et en tant que plus grande communauté organisée de la diaspora arménienne, a le droit de demander justice au nom de la nation arménienne, y compris, mais non limitée à la mise en œuvre de la sentence arbitrale de Wilson, et de pétitionner le gouvernement des États-Unis au niveau fédéral, gouvernemental et local pour le faire ; et
ATTENDU QUE, le gouvernement de la Turquie continue la campagne des gouvernements qui l’ont précédé dans ses tentatives de destruction de la nation arménienne en toute impunité en :
(a) occupant illégalement l’Arménie occidentale ;
(b) bloquant illégalement la frontière occidentale de l’actuelle deuxième République indépendante d’Arménie ;
(c) aidant et encourageant la République d’Azerbaïdjan, son co-conspirateur et complice, dans son blocus illégal de la frontière orientale de l’actuelle deuxième République indépendante d’Arménie ;
(d) aidant et encourageant la République d’Azerbaïdjan, son co-conspirateur et complice, dans son blocus illégal de la République indépendante actuelle du Haut-Karabakh (Artsakh) ;
(e) aidant et encourageant la République d’Azerbaïdjan, son co-conspirateur et complice, dans sa tentative d’effacer toute preuve de la présence historique de la nation arménienne et ses revendications légitimes au Nakhitchevan, y compris, mais non limitées à la destruction en toute impunité de l’ancien cimetière arménien de Djoulfa par l’armée azérie ;
(f) aidant et encourageant la République d’Azerbaïdjan, son co-conspirateur et complice, dans la perpétration, puis dans l’engagement dans une campagne de négation et de distorsion quant aux massacres perpétrés contre les populations arméniennes indigènes de Bakou, Soumgaït et de Kirovabad ;
(g) aidant et encourageant l’action militante radicalisée et de nettoyage ethnique contre la population arménienne autochtone de Kessab et d’autres parties de la Syrie ;
(h) échouant à traduire en justice les auteurs de l’assassinat de Hrant Dink, un crime lié aux plus hauts niveaux de l’État turc ;
(i) poursuivant son oppression et son intimidation silencieuse des Arméniens cachés et islamisés, dont la plupart craignent de révéler leur véritable identité ou de pratiquer leur liberté religieuse sous la menace de représailles ; et
(j) généralement en prenant toutes les mesures en son pouvoir pour éliminer toute preuve de la présence historique et les revendications valides de la nation arménienne comme une conséquence du génocide perpétré contre elle ; et
ATTENDU QUE, le Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP), le principal parti de la population kurde de Turquie, doit être encouragé pour avoir adopté dans le cadre de sa plateforme politique d’excuses pour le rôle de la population kurde dans le génocide arménien, et pour tenter de restaurer une partie des droits de propriété de la nation arménienne, et un appel au gouvernement de la Turquie pour reconnaître le génocide arménien et offrir restitution ; et
ATTENDU QUE, le gouvernement municipal de la ville de Diyarbakir (Dikranagerd) en Turquie, contrôlé démocratiquement par le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), a en effet récemment pris des mesures concrètes en vue de la réconciliation par la restauration de la cathédrale arménienne Sourp Guiragos, l’érection d’un monument aux victimes du Génocide, permettant et encourageant des cours de langue et de religion arméniennes pour les Arméniens islamisés ou cachés, l’érection de panneaux de signalisations de bienvenue dans la ville en langue arménienne, et d’autres mesures pour lesquelles il devrait être félicité et encouragé ; et
ATTENDU QUE, les conflits géopolitiques actuels au Proche-Orient et Moyen-Orient ont un potentiel important d’entraîner un redécoupage des frontières de la région qui peuvent et doivent inclure la patrie arménienne occidentale et un Kurdistan indépendant ce qui nécessite le dialogue, la coopération et une coexistence pacifique fondée sur un cadre concret pour la réparation et la restitution comme il est indiqué dans les présentes demandes ;
EN CONSÉQUENCE, IL EST RÉSOLU, qu’à la veille du centenaire du génocide arménien du 24 avril 2015 et au nom des descendants du génocide arménien vivant actuellement dans l’ouest des États-Unis d’Amérique, la Convention régionale de la Fédération Révolutionnaire Arménienne définit par la présente ses demandes de Justice pour le génocide arménien, comme suit :
1. La République de Turquie doit reconnaître sans équivoque et supporter les conséquences du génocide arménien planifié et mis en œuvre par le gouvernement Jeune-Turc sous l’Empire ottoman de 1915 à 1919, qui a continué d’être perpétré par le Mouvement Kémaliste de 1920 à 1923, et qui a conduit au nettoyage ethnique par la République de Turquie de 1924 à 1937.
2. La République de Turquie doit prendre des mesures rapides et significatives vers l’octroi d’une compensation à la Nation arménienne pour le crime contre l’humanité commis à son encontre, reconnaissant le fait qu’aucune tentative de compensation ne pourra restaurer ni en qualité ni en quantité la vie de la Nation arménienne telle qu’elle l’aurait été sans le Génocide mais s’efforçant néanmoins en toute bonne foi de corriger les maux de l’Histoire en restituant à la Nation arménienne tous les droits dont elle a été spoliée.
3. La restitution des droits de propriété territoriaux de la nation arménienne doit comprendre le redécoupage des frontières sur la base de la sentence arbitrale définitive et contraignante du président américain Woodrow Wilson, publiée le 22 novembre 1920, y compris, mais non limité à la réunification avec la République de l’Arménie des territoires et provinces de Van, Bitlis, Erzeroum et Trabzon pour fournir un accès illimité à la mer Noire, ainsi que les régions de Kars et d’Ardahan de l’intérieur des frontières de la Première République indépendante d’Arménie, dont le mont Ararat et ses territoires environnants.
4. La restauration complète et sans équivoque des droits de propriétés territoriaux de la nation arménienne doit inclure la reconnaissance de l’indépendance et de la souveraineté internationale de la République du Haut-Karabakh (Artsakh) et ses frontières actuelles.
5. La restauration complète et sans équivoque des droits de propriétés territoriaux de la nation arménienne doit comprendre le Nakhitchevan.
6. La restauration complète et sans équivoque des droits de propriété mentionnés ci-dessus doit inclure l’accès et l’utilisation libre et gratuite de toutes les ressources naturelles et voies naturelles et artificielles de transport, de circulation et d’utilisation des terres.
7. La République de Turquie et la République d’Azerbaïdjan doivent reconnaître, protéger et préserver les centaines d’églises arméniennes, monastères, cimetières et autres structures historiques et culturelles, les sites et les antiquités intérieures à leurs frontières actuelles et futures, à leurs frais et doivent s’abstenir de faire, d’encourager ou de tolérer toute tentative pour les détruire, les détériorer ou les éradiquer.
8. La République de Turquie et la République d’Azerbaïdjan doivent immédiatement supprimer tout blocus contre l’Arménie et l’Artsakh et permettre un accès sans restriction à travers leurs frontières et prendre de mesures de bonne foi en vue de normaliser et cultiver les relations entre les dits pays ancrés dans une pleine et entière reconnaissance du génocide arménien, ses conséquences, et un plan d’ensemble pour une juste réparation décrite dans la présente.
9. La République de Turquie et la République d’Azerbaïdjan doit s’abstenir de toute action militaire ou autre visant à provoquer les violences transfrontalières ou en aucune façon perturber la paix avec la République d’Arménie et la République de l’Artsakh.
10. La République de Turquie doit rétablir au Patriarcat arménien d’Istanbul, le Saint-Siège de la Grande Maison de Cilicie, et/ou toute autre entité désignée par les représentants dûment mandatés de la nation arménienne des droits de propriété disponibles et l’accès à toutes les églises arméniennes, monastères, cimetières et autres structures religieuses, confessionnelles historiques ou culturelles, sites et antiquités à l’intérieur de ses frontières actuelles et futures, renonçant à toute demande et en les exonérant de toutes taxes foncières passées et futures ou autres obligations potentielles dans le cadre de ses mesures de restitution.
11. La République de Turquie doit procéder à la restitution financière des descendants des victimes du génocide arménien ou de leur collectivité désignée ou des représentants d’organisation et fournir une aide économique à la République d’Arménie dont la quantité et les modalités devront être déterminées par un tribunal international dûment nommé et rassemblé à cet effet.
12. La République de Turquie doit fournir un accès sans restriction à son système judiciaire et ses tribunaux pour tous les descendants des victimes du génocide arménien, individuellement et collectivement, ou pour toutes les organisations représentatives ou entités du peuple arménien pour faire valoir les droits et biens réels et personnels, sans égard aux délais de prescription, aux théories de l’abandon, à la prescription acquisitive et/ou aux lois qui existaient soit au cours de la période ottomane et/ou de la République de Turquie post-ottoman, ou d’autres obstacles juridiques qui pourraient affecter la validité de telles réclamations.
13. La République de Turquie doit adopter dans le cadre de son système éducatif national une reconnaissance pleine et entière du génocide arménien et ses conséquences et doit permettre et encourager le dialogue et la recherche ouverte et franche au sujet de ce chapitre sombre de son histoire.
14. La République de Turquie doit prendre toutes les mesures nécessaires pour inverser, prévenir et punir toute tentative de discrimination, d’intimidation, de harcèlement à l’encontre des Arméniens en raison de leur appartenance ethnique, dans ses frontières actuelles et futures et permettre aux Arméniens cachés et/ou islamisés de revenir sans aucune entrave à leur véritable identité si elles le souhaitent et de pratiquer leur liberté religieuse et ethnique, sans restriction ni crainte de représailles ;
15. La République de Turquie doit désigner le 24 avril comme Journée de commémoration des victimes du génocide arménien et doit permettre et encourager les activités commémoratives sans restriction à l’intérieur de ses frontières actuelles et futures, à commencer par le 24 avril 2015, centenaire du génocide arménien.
Avec la mise en œuvre intégrale et rapide de ces Demandes de Justice pour le Génocide Arménien mentionnées ci-dessus, la nation arménienne peut enfin aller vers une véritable réconciliation, durable et une coexistence pacifique avec les populations turques, azéries et kurdes de la région.
Montebello – le 22 juin 2014.